Alim le Tanneur
La ville de Bramhalem vit dans la foi. La religion dit que le prophète Jésameth est parti sur l'océan pour parler aux dieux, et depuis il est devenu un saint. Toutes les lois de la cité sont désormais basées sur cette croyance. Mais voilà que Alim, humble tanneur hors-caste, et sa fille Bul, découvrent l'armure de Jésameth dans le ventre d'un monstre marin. Ils tiennent dans leurs mains la preuve que la religion et tout le système social de Bramhalem sont infondés.
Ce premier tome plonge le lecteur dans un décor à la croisée de l'Inde et du Moyen-Orient, dans le décor lumineux des contes des Mille et Une Nuits. Virginie Augustin, issue du monde de l'animation (Disney et Corto Maltese notamment), dévoile un dessin simple et innocent avec des décors vivants et exotiques. Toute la beauté graphique d'Alim le Tanneur apparaît dans les merveilleuses ambiances pleines de tonus, soutenues de couleurs magnifiques, douces et chatoyantes.
Que de qualités pour soutenir un scénario de Wilfrid Lupano qui pioche quant à lui ses inspirations dans les univers du jeu de rôle, et pourquoi pas de l'heroic-fantasy ?
L'idée du scénario elle-même est assez classique : la remise en cause de religions profondément ancrées dans les esprits est abordée dans toutes les BD occultes fantastiques en vogue. Mais Lupano évite tous les écueils. Sur fond de fanatisme religieux, il préfère inverser les mécanismes de l'heroic-fantasy : les héros, plutôt que de mener une quête de la vérité, préfèrent fuir pour la cacher. A croire que l'auteur aime à taper sur la religion. C'est du moins ce qu'on vient à penser lorsqu'on sait que Lupano est également l'auteur de Corpus Cripies. En tous cas, en ce qui concerne Alim le tanneur, le résultat est original, bien construit et vraiment réussi ! Il en ressort une aventure passionnante, magique, fraiche et fabuleuse.
Les personnages principaux sont attachants. On ne saura trop souligner la bouille adorable de Bul pour laquelle nous avons tous craqué. Les autres personnages ne sont pas en reste. On les verra tous évoluer tout au long des albums à venir, faisant ressortir des personnalités profondes.
Le secret des eaux introduit une série prometteuse. Quête du pouvoir, intolérance religieuse et soif de conquête sont omniprésents, dans un univers remplis de civilisations à la fois familières et nouvelles, au gré des fuites d'Alim et de sa tribu. Un dessin toujours très beau et des couleurs réellement incroyables. Certains regretteront pourtant la perte du charme distillé tout au long du premier album.
Ce premier tome fait en tous cas l'unanimité :
pour David, "un bonheur"
pour Mo', "n'en niera pas la qualité" mais déplore l'approche qu'elle en a eu
pour Yvan, "à lire absolument"
pour Lunch, "c'est vraiment une excellente BD"
pour moi, "mon petit coup de cœur"